Ο θάνατος του Αλέξη Γρηγορόπουλου και τα γεγονότα που ακολούθησαν προκάλεσαν το ενδιαφέρον των σκηνοθετών της θεατρικής ομάδας Μοtus   Enrico Casagrande και  Daniela Nicolo. Μετά από σχετική έρευνα στην Αθήνα,  γράφουν ένα θεατρικό έργο με τίτλο : "Alexis, μια ελληνική τραγωδία", που αυτές τις μέρες παίζεται στη γαλλική πρωτεύουσα.
 
Πηγή:Le monde
Athènes, 6 décembre 2008. Un jeune homme de 15 ans, Alexandros Grigoropoulos,  est tué par balles par un agent de police. Dans un contexte social et  politique déjà tendu, cette mort déclenche une vague d'émeutes sans  précédent dans le pays depuis la chute de la dictature, en 1974. La  police prétend qu'Alexandros, avec une trentaine d'autres jeunes, a  lancé des pierres et un cocktail Molotov sur une voiture de police. Une  vidéo amateur vient contredire cette version, accréditant la thèse d'une  altercation verbale entre deux jeunes et la police. Athènes s'embrase.  Alexandros devient l'icône d'une jeunesse révoltée par la corruption et  l'impuissance des politiques.
Voilà le point de départ de ce  spectacle dont l'originalité et la réussite tiennent dans le cocktail  explosif entre théâtre documentaire et dimension mythique : c'est en  effet au regard d'Antigone, figure par excellence de la révolte  adolescente face à l'arbitraire du pouvoir, que sont placés les  événements d'Athènes.
Un an après le drame, Enrico Casagrande et Daniela Nicolo,  les animateurs et metteurs en scène de la compagnie Motus, se rendent  dans la capitale grecque. L'insurrection de décembre 2008 a été  recouverte par une couche opaque d'amnésie. Ils mènent une enquête,  retrouvant des témoins, traquant et filmant sur la peau de la ville les  traces des événements : pendant la révolte, les murs d'Athènes s'étaient  couverts de graffitis et de dazibaos politiques, remplaçant des  journaux auxquels les manifestants ne croyaient plus.
De tout  cela, Motus fait un spectacle qui recrée remarquablement l'atmosphère  d'urgence, de tension, de ces journées d'Athènes, mais qui ne s'en tient  pas là : Enrico Casagrande et Daniela Nicolo font du théâtre, pas une  enquête journalistique. Et ce théâtre compose une partition aussi  poétique que politique, en procédant par choc d'éléments hétérogènes.
Le jeu physique, intense, des acteurs-performeurs - notamment l'incroyable Silvia Calderoni  - dialogue avec les images qui, ici, sont magnifiquement utilisées. Ces  images ne sont pas seulement celles des émeutes ou des témoins, mais  celles d'une campagne grecque immémoriale, que Casagrande et Nicolo  filment en partant sur les traces de l'héroïne de Sophocle : "A Thèbes, il n'y a rien, mais il y a une rue Antigone",  font-ils remarquer dans ce spectacle qui dessine aussi une réflexion  sur la mémoire, l'empreinte de ce qui, en apparence, est effacé.
Ces  images sont projetées depuis un appareil installé sur une table  roulante, ce qui permet de les faire bouger dans un espace superbement  maîtrisé, de varier les cadres, les angles, etc. Et puis, dans ce  théâtre hybride, brûlant, les metteurs en scène décident tout à coup de  calmer le jeu.
Retour au théâtre pur et simple avec la grande  scène d'affrontement entre Antigone et Créon, que l'on a rarement vue  aussi bien jouée : elle éclate avec d'autant plus d'acuité et  d'actualité que Motus a choisi l'Antigone très politique de Bertolt Brecht, écrite (en 1947) par le dramaturge allemand pour montrer "la signification du recours à la force quand l'Etat tombe en décadence".
Là  est le coeur de la réflexion de ces artistes italiens, effarés par  l'état de déliquescence de leur propre pays. Ce que nous disent Enrico  Casagrande et Daniela Nicolo, c'est qu'il va peut-être falloir compter, à  l'heure où ce sont les jeunes des pays arabes qui se soulèvent, avec  les Antigone et les Polynice d'aujourd'hui. 
Πηγή:Le monde




























