Pour saluer Andreas Voutsinas
Par Armelle Héliot le 8 juin 2010
Né à Khartoum en 1932, il avait été élevé en Afrique et en Grèce, s'était formé en Angleterre puis aux Etats-Unis où il avait intégré l'Actor's Studio avant d'en devenir le chantre en France, dans les années 70. Ces derniers temps, il travaillait dans son pays, mais n'oubliait pas Paris...Il s'est éteint à Athènes hier.
Tout ce que le monde du théâtre, du cinéma, de la télévision compte de talent est passé par l'Atelier Voutsinas. Dans les années 70, à Paris, casquette éternellement vissée sur le crâne, petit anneau à l'oreille, il avait inventé son style et attirait dans son cours des comédiens très reconnus et de tout jeunes, en formation. Ainsi Jean-Pierre Jorris, qui avait été le premier Cid d'Avignon, Henri Virlogeux, Lucienne Hamon, la toute jeune et déjà célèbre Brigitte Fossey, Véronique Silver, Sylvie Joly, tant d'autres, côtoyaient-ils alors de parfaits inconnus nommés Didier Flamand ou Jean Reno.
Andreas Voutsinas, homme fin, sensible, qui aurait tant voulu être indifférent à la bêtise du monde, s'est éteint hier à Athènes. Il avait été admis à l'hôpital le 11 mai dernier. Il aurait eu 78 ans l'été prochain. Il y a quelques années il avait été renversé alors qu'il attendait un autobus, et les suites de cet accident l'avaient beaucoup diminué.
Il avait été très heureux, ces dernières années, alors qu'il retrouvait sa patrie, cette Grèce tant aimée où il avait grandi après ses premières saisons africaines. Il racontait souvent l'émotion extraordinaire qui l'avait transpercé lorsque, pour la première fois, il avait mis en scène à Epidaure.
Andreas Voutsinas avait eu plusieurs vies. Afrique, Grèce, puis Grande-Bretagne pour se former à l'art dramatique. Il avait ensuite traversé l'Atlantique et avait été admis à l'Actor's Studio auprès des maîtres d'alors, Lee Strasberg et Elia Kazan. Ami de Marilyn Monroe, coach et très proche de Jane Fonda, confident et coach aussi d'Anne Bancroft, il était né pour être star !
Il avait un don pour saisir ce qui ferait un acteur. Ainsi c'est lui qui lors d' une même audition sut choisir trois jeunes gens un peu en rupture avec les canons d'Hollywood : Dustin Hoffman, Al Pacino, Robert De Niro...
En France, il signait de nombreuses mises en scène. Les comédiens l'adoraient car il les aimait, il avait le sens de la "psychologie des profondeurs", mais il ne demandait pas une expressivité forcenée. Il avait un art très fin des nuances. Il n'était pas aimé de la critique installée car il y avait en lui une arrogance certaine. C'était un jeu. Mais alors les journalistes ne le comprenaient pas vraiment...
Nous en dirons plus un jour. Il fallait saluer vite cet homme qui fut lui-même un très bon interprète et qui savait être drôle ; revoyez donc Les Producteurs de Mel Brooks qui le fit beaucoup travailler...Il est aussi dans Le grand bleu...Il est dans nos coeurs. On retiendra parmi des dizaines, sa mise en scène de Reviens, Jimmy Dean, reviens, au Rond-Point du temps des Barrault en 86 sans doute. Catherine Arditi, pour jamais sur ses patins et Les Exilés, et Brigitte Fossey, et Pierre Arditi, et...tant et tant qui sont tristes aujourd'hui...
Πηγή: Le Figaro
Πηγή: Le Figaro
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